🏳️‍🌈 L'Esprit Armani

Giorgio Armani s’est éteint à 91 ans, laissant derrière lui un empire de plus de 10 milliards de dollars, 9 000 employés et 600 boutiques. Au-delà du luxe, Armani aura marqué l’histoire comme un visionnaire de la mode et un rôle model LGBT+. Aux côtés de son compagnon et associé Sergio Galeotti, il a bousculé les codes masculins, imposé le « power dressing » et habillé Hollywood dans plus de 200 films. Discret mais assumé, il reste l’exemple d’une réussite indépendante, universelle et fièrement queer. Sa disparition ouvre une ère d’incertitudes : qui portera cet héritage, entre fidélité à l’esprit Armani et adaptation aux secousses d’un secteur en repli ?

Car la mode, aujourd’hui, tourne le dos à l’audace qui l’a façonnée. Sous pression politique et économique, elle s’aligne sur un virage conservateur : disparition des Chief Diversity Officers, recul des campagnes LGBTQ+, maigreur et idéal caucasien redevenus hégémoniques, retour de la fourrure. Ce mouvement s’inscrit dans une tendance plus large : la fin du “gold rush” DEI, les progressistes en panne de récit face à l’extrême droite, et la fragilisation de médias et initiatives communautaires.

À l’international, les symboles d’ouverture (premier pèlerinage LGBT au Vatican, continuité inclusive du pape Leo XIV) contrastent avec les offensives liberticides (criminalisation au Burkina Faso, répression numérique en Russie, condamnation d’Ibtissame Lachgar au Maroc). En France, le suicide de Caroline Grandjean-Paccoud rappelle le prix dramatique du harcèlement lesbophobe, tandis que la réforme de l’AME menace l’accès aux soins des plus précaires.

L’esprit d’Armani, fait de rigueur, de modernité et d’affirmation identitaire, reste une boussole précieuse dans un moment où la visibilité et la dignité sont à défendre plus que jamais.

☕️ Bon café, bon dimanche.

📌 Notre Sélection du 7.9.2025 📌

Mode : virage conservateur

L’industrie de la mode opère un virage conservateur. Après avoir embrassé diversité, féminisme, écologie ou LGBTQ+, le secteur recule depuis le retour de Donald Trump en 2025. Son décret contre les politiques d’inclusion pousse les marques à éviter toute prise de position. Les Chief Diversity Officers disparaissent, 39 % des entreprises américaines ont réduit leurs actions pour la Pride, et les campagnes LGBTQ+ deviennent plus discrètes. Dans les défilés automne-hiver 2025-2026, 97,7 % des 8 703 looks relèvent des tailles 32 à 36, confirmant le retour de la maigreur et d’un idéal caucasien. Parallèlement, la fourrure revient en force, souvent fausse, illustrant une mode davantage tournée vers l’esthétique « boom boom » que vers des valeurs d’engagement social.

_ Le Monde, 5 septembre 2025

La mode au service du bien commun

Pendant la pandémie de Covid-19, Armani a fermé ses boutiques et transformé ses usines pour produire des blouses et équipements de protection. Il a fait don de plusieurs millions d’euros aux hôpitaux italiens. En 2020, son défilé s’est tenu à huis clos, affirmant que la mode devait ralentir, redevenir durable et humaine. Il a dénoncé la surconsommation et défendu une élégance responsable, inscrivant l’éthique sociale au cœur de son héritage.

_ La Tribune Dimanche, 7 septembre 2025

Fin du « gold rush » DEI

Les éditeurs alertent : après 18 mois d’attaques contre la diversité et l’inclusion, les annonceurs désertent les médias LGBTQ+. Gay Times a perdu 80 % de ses annonceurs et plus de 5 M£ de revenus en un an. Pour son PDG Tag Warner, c’est « de la discrimination pure et simple ». Le phénomène touche aussi Amaliah (Musulmanes) et GUAP (jeunes racisés). Si certains groupes comme Attitude résistent, la tendance révèle un recul stratégique des marques, transformant le soutien aux minorités en « risque réputationnel » plutôt qu’en valeur.

_ The Guardian, 31 août 2025

Progressistes en panne de récit 

Les partis d’extrême droite dominent sondages et gouvernements en Europe, leurs récits simples et émotionnels prospérant sur TikTok, Instagram et le “manosphere”. Un sondage mondial (33 000 personnes, 28 pays) révèle une défiance massive envers gouvernements et entreprises, accusés de servir les riches. Face à cela, les progressistes peinent à proposer un projet clair, souvent réduits à la résistance. Des figures comme Sanders, Ocasio-Cortez, Mamdani ou Reichinnek montrent pourtant qu’un discours ancré dans le quotidien (logement, transports, inégalités) peut mobiliser. Conclusion : seule une vision radicale, cohérente et audacieuse peut contrer la peur par le sens.

_ EUobserver, 22 août 2025

15e Dîner LINK : un rendez-vous vital

Le 15e Dîner LINK aura lieu le 1er décembre 2025 au Pavillon Gabriel. Dans un contexte de coupes massives des financements, l’accès aux soins, à la prévention et à l’accompagnement des personnes vivant avec le VIH/sida est gravement menacé. Ce dîner, alliant engagement et élégance, constitue un acte fort pour défendre des vies et des droits. Votre présence est essentielle pour soutenir la lutte et affirmer nos valeurs communes d’humanité, dignité et diversité.

👉 Fonds Link

🇫🇷 France

L’école face au harcèlement lesbophobe

Le 1er septembre 2025, Caroline Grandjean‑Paccoud, 42 ans, directrice d’école à Moussages (Cantal), s’est suicidée après des mois de harcèlement lesbophobe : tags (« Sale gouine », menaces de mort) et lettres anonymes. Plusieurs plaintes déposées n’ont pas abouti ; l’enquête judiciaire classée sans suite. L’Éducation nationale active une cellule d’écoute et saisit l’inspection générale. Face à ce drame, une mobilisation a lieu le 5 septembre, portée par syndicats et associations, pour exiger des protections réelles pour les personnels LGBTQ+ de l’Éducation.

_ Le Monde, 2 septembre 2025

AME : un enjeu vital pour les LGBT+

La réforme de l’Aide Médicale d’État (AME) menace directement l’accès aux soins des personnes LGBT+ étrangères en situation irrégulière. Déjà exposées à la précarité, elles dépendent de l’AME pour des soins essentiels, santé sexuelle et accompagnement de transition inclus. Restreindre ce droit aggraverait discriminations et risques sanitaires. Les associations LGBT+ et de lutte contre le sida réclament son maintien intégral, face à des arguments budgétaires contestés par les experts de santé publique.

_ Le Monde, 4 septembre 2025

Être homosexuel et nationaliste 

L’ouvrage Droites nationalistes et homosexualités en France (Mickaël Studnicki, 560 p., Sorbonne Université Presses) analyse 150 ans de rapports ambigus entre extrême droite et homosexualités. Du scandale du comte de Germiny (1876) aux débats sur le mariage pour tous, l’essai révèle une homophobie constante mais ponctuée d’accommodements : Vichy éleva la majorité sexuelle homosexuelle à 21 ans, Le Pen dénonça les « sidaïques », tandis que le FN toléra une « discrétion » en interne. Studnicki explore aussi Gaie France, revue identitaire gay, dissoute après un procès pour pédocriminalité.

_ Le Monde des livres, 5 septembre 2025

🌏 Monde

Vatican : un premier pèlerinage LGBT

Le 5 et 6 septembre 2025, environ 1 300 pèlerins LGBTQIA+ issus de 20 paysparticiperont au premier pèlerinage LGBT officiellement inscrit au calendrier du Jubilé du Vatican. Soutenue par les jésuites et approuvée fin 2024 par le pape François avant sa mort, l’initiative marque une avancée en termes de visibilité et de reconnaissance, malgré les réticences internes. La messe sera présidée par l’évêque Francesco Savino, vice-président de la Conférence épiscopale italienne. En France, près de 60 % des diocèsesdisposent déjà de pastorales LGBT.

_ Le Monde, 4 septembre 2025

… continuité dans l’accueil des catholiques LGBTQ+

Le 2 septembre 2025, The Advocate rapporte que le nouveau pape Leo XIV entend prolonger la ligne inclusive de François envers les fidèles LGBTQ+. Lors d’une rencontre avec le père James Martin, figure majeure de l’accueil pastoral des minorités sexuelles, le souverain pontife a confirmé une vision de continuité fondée sur l’« ouverture » et la « synodalité ». Premier pape américain, Leo XIV veut conjuguer écoute des personnes LGBTQ+ et engagement pour la paix mondiale, maintenant l’élan d’inclusion voulu par son prédécesseur.

_ The Advocate, 2 septembre 2025

Moins de pronoms, plus de prix

Les démocrates américains traversent une crise profonde après leurs défaites face à Trump. Malgré le taux d'approbation net de Trump à -14, les démocrates accusent un déficit de popularité de 28 points (12 points de plus que les républicains). Les électeurs centristes (20% de l'électorat) donnent à Trump -27 points d'approbation, particulièrement sur l'inflation (-40). Le parti se divise entre recentrage économique (abandonnant les positions "woke") et populisme de gauche. Avec 68% de chances de reprendre la Chambre en 2026, ils doivent choisir entre parler "moins de pronoms, plus de prix" pour reconquérir les électeurs modérés.

_ The Economist, 4 septembre 2025

Black Swans & democrats

The NewWorld Report® (sept. 2025) décrit l’échec démocrate de 2024 comme un « cygne noir » : le débat Biden–Trump a provoqué un effondrement inattendu, ouvrant la voie à Harris, incapable de rivaliser dans un paysage médiatique volatile que Trump maîtrise. L’auteur souligne la fragilité structurelle des campagnes progressistes : incapacité à s’adapter aux changements d’algorithmes, à pivoter quand les messages échouent, ou à investir les nouvelles plateformes. Comme Blockbuster face à Netflix, elles s’accrochent à un modèle dépassé alors que l’environnement exige des systèmes « antifragiles » capables d’expérimenter, d’évoluer et de tirer parti de la volatilité.

_ The NewWorld Report® (André Banks)

HIV: possible retour en arrière dramatique

Le 3 septembre 2025, The Advocate rapporte l’intervention de Javier Muñoz (Hamilton, séropositif depuis 20 ans) et Peppermint (RuPaul’s Drag Race, première femme trans à créer un rôle principal à Broadway) au Capitole contre les coupes budgétaires prévues. Le projet FY26 retire 1,7 Md$ aux programmes VIH, dont 1 Md$ via le CDC, 220 M$ à l’initiative Ending the HIV Epidemic et 525 M$ au Ryan White CARE Act (–20 %, soit 400 cliniques menacées). Menacés aussi : Medicaid (40 % des personnes vivant avec le VIH), PrEP et PEPFAR (26 M de vies sauvées depuis 2003). Muñoz alerte : « Nous reviendrons aux services hospitaliers sida. » Peppermint insiste sur l’accès vital des personnes trans et précaires aux soins. Vote attendu avant le 30 septembre 2025.

_ The Advocate, 3 sept. 2025

Minneapolis : instrumentalisation transphobe

Le 29 août 2025, The New York Times rapporte que la fusillade de Minneapolis (2 morts, 18 blessés) est exploitée par des figures conservatrices pour associer identité trans et violence. L’assaillante, Robin Westman (23 ans, trans), avait des écrits marqués par la haine et la confusion identitaire, mais peu centrés sur sa transidentité. Malgré l’absence de lien établi entre son genre et le crime, Matt Walsh, Charlie Kirk ou Will Ainsworth parlent de « trans terrorisme » et réclament des restrictions de droits. Les associations comme Human Rights Campaign dénoncent un bouc émissaire dangereux. La recherche scientifique rappelle : être trans n’est pas une maladie mentale et n’est pas corrélé à la violence.

_ The New York Times, 29 août 2025

EHRC : alerte des associations LGBT+

Le 2 septembre 2025, plus de 80 organisations LGBT+ ont interpellé le gouvernement britannique via PinkNews. Elles exigent un débat parlementaire sur le nouveau Code de pratique de l’EHRC, remis à la ministre Bridget Phillipson début septembre mais non publié. Ce texte, issu d’un jugement de la Cour suprême définissant le sexe au sens biologique, risque de restreindre l’accès des personnes trans aux espaces genrés. Les associations dénoncent un contournement du contrôle démocratique.

_ PinkNews, 2 septembre 2025

Un roi entre deux feux

Le Royaume-Uni post-chrétien place Charles III face à une tension croissante entre deux pôles culturels dominants : le mouvement LGBT et une population musulmane en forte croissance (Muhammad est désormais le prénom le plus donné en Angleterre). En 2025, Windsor a accueilli pour la première fois un Open Iftar avec 350 invités, et la Royal Collection Trust a multiplié les événements LGBT+, dont une conférence pour le LGBT+ History Month. Le roi soutient aussi la Pride, inédite sous Elizabeth II. Mais cette stratégie inclusive s’accompagne de dilemmes : il pourrait devoir signer des lois sur l’avortement et l’euthanasie, en contradiction avec son rôle de chef de l’Église d’Angleterre. Entre promotion de la diversité et fidélité au christianisme, la monarchie reflète aujourd’hui les fractures identitaires d’un pays où la religion historique s’efface.

_ The European Conservative, 15 août 2025

Identité fragmentée, vision commune

Deux articles récents (NYTimes, NYMag) dissèquent la vie gay américaine : entre « A-Gays » trumpistes et fêtards new-yorkais. Fabrice Houdart dénonce leur biais : ils réduisent l’expérience LGBTQ+ à celle d’hommes gays urbains, blancs et privilégiés, invisibilisant lesbiennes et bisexuelles. Cette myopie fragmente la communauté alors que l’urgence est ailleurs : construire une vision partagée, articulant diversité, ancrage civique, réseaux économiques et institutions culturelles. L’unité reste stratégique face aux offensives anti-droits.

_ Fabrice Houdart,1er septembre 2025

Exil conservateur vers la Russie

Face au rejet de la « DEI » et des droits LGBT, certains Occidentaux migrent vers la Russie, présentée comme bastion des « valeurs traditionnelles ». Le visa « valeurs partagées » attire jusqu’à 150 candidats par mois, surtout d’Allemagne, France et États-Unis. Le cas extrême de Derek Huffman, Américain ayant rejoint l’armée russe pour accélérer sa citoyenneté, illustre cette fuite idéologique. Mais ces arrivées restent marginales comparées aux centaines de milliers de Russes partis depuis 2022.

_ Financial Times, 2 septembre 2025

… où la répression numérique et sociétale s’intensifie

La Russie multiplie les lois répressives, criminalisant les contenus « extrémistes », incluant les mouvements LGBT, Navalni, Greenpeace et les réseaux sociaux comme Instagram et Facebook. Les VPN non autorisés deviennent illégaux, WhatsApp et Telegram bloqués, et tous les téléphones doivent intégrer « Max », outil gouvernemental intrusif. Le FSB gagne en pouvoir, le budget carcéral explose, et les « agents étrangers » sont bannis de la vie publique. Les écoles remplacent les langues étrangères par propagande patriotique. Une dérive liberticide totale.

_ El País, 1er septembre 2025

Burkina Faso : Criminalisation de l’homosexualité

Le 1er septembre 2025, la junte burkinabée a adopté une loi criminalisant les relations homosexuelles. Les « auteurs de pratiques homosexuelles » risquent 2 à 5 ans de prison et des amendes, tandis que les étrangers seront expulsés. Votée à l’unanimité par les 71 membres non élus de l’Assemblée de transition, la loi s’inscrit dans un nouveau code des personnes et des familles. Cette décision aligne le Burkina sur une trentaine de pays africains réprimant l’homosexualité, dans un contexte de rapprochement avec la Russie et l’Iran.

_ Le Monde, 2 septembre 2025

Liberté d’expression en péril au Maroc

Ibtissame Betty Lachgar, psychologue et cofondatrice du mouvement MALI, a été condamnée par un tribunal de Rabat le 3 septembre 2025 à 30 mois de prison ferme et à une amende de 50 000 dirhams (≈ 4 750 €) pour « atteinte à l’islam », après avoir publié fin juillet un selfie avec un tee-shirt « Allah is lesbian » et un texte dénonçant l’islam comme « fasciste, phallocrate et misogyne ». Son état médical fragile (cancer, opération à venir) alarme les défenseurs des droits humains, qui dénoncent une atteinte grave à la liberté d’expression et prévoient un appel.

_ Le Monde, El Pais, 4 septembre 2025

Sn’oops !

À 53 ans, Snoop Dogg dénonce l’« omniprésence » de personnages LGBT+ au cinéma, citant le film Buzz l’Éclair (Pixar, 2022) où un couple lesbien élève un enfant. Il affirme avoir été « mis dans la merde » face aux questions de son petit-fils, reprochant aux studios de « mettre ça partout ». L’artiste, déjà auteur d’insultes homophobes (2014) et de propos transphobes (2015), confirme ainsi une posture hostile. En contraste, Chris Evans, acteur américain et interprète de Captain America, défendait ces scènes comme une norme inclusive.

_ Le Figaro, 20 août 2024